Le 21 juillet, le Vercors aborde la bataille avec 10 compagnies de combat,
un groupe d'escadrons et des unités d'appui et de service, soit en théorie près
de 4 000 hommes incorporés dont 169 officiers et 317 sous-officiers.
Mais ces chiffres ne reflètent pas entièrement la valeur au combat des unités.
Si 500 d'entre les maquisards peuvent être considérés comme des combattants
chevronnés, le niveau de la formation militaire des autres est très incomplet,
malgré l'ardeur qui les anime.
Quant à l'armement, ce n'est pratiquement que de l'armement individuel,
quelques bazookas, des mitrailleuses légères et FM, pas d'armes lourdes à tir
tendu et ni mortiers, ni artillerie. Par ailleurs, un quart des maquisards
n'est pas armé.
En face, l'opération est commandée par le général Pflaum, commandant la 157ème
division de réserve (celle qui a agit contre les Glières en mars).
Il dispose d'environ 8 000 hommes, soit 9 bataillons d'infanterie (dont 4 bataillons
de chasseurs de montagne), 2 compagnies de parachutistes, 2 batteries d'artillerie et
des éléments de sécurité (dont police et Feldgendarmerie) et bien entendu de l'appui
de l'aviation.
Au nord, l'attaque se déploie, les Allemands occupent Villard-de-Lans puis,
par le col de la Croix Perrin, atteignent Autrans vers 17 heures. En fin de journée,
la quasi-totalité du canton de Villard-de-Lans est aux mains de l'ennemi.
À l'est, les chasseurs de montagne s'emparent simultanément en fin d'après-midi de
tous les Pas sauf du Pas de la Ville au nord et du Pas de l'Aiguille au sud.
Vers 9h30, une vingtaine de planeurs, appuyés par des chasseurs et des bombardiers, atterrissent sur le terrain de Vassieux-en-Vercors que les maquisards sont en train d'aménager en prévision de l'arrivée des parachutistes ou aéroportés alliés tant attendus. La riposte s'organise rapidement et les Allemands se retranchent dans Vassieux.
À l'est, seul le Pas de l'Aiguille résiste. Tous les autres Pas sont conquis.
L'ennemi se réoriente pour poursuivre vers l'ouest.
Au nord, l'ennemi est contenu par la résistance héroïque du lieutenant Chabal,
au Belvédère de Valchevrière.
À Vassieux, malgré l'appui aérien, les parachutistes allemands, n'arrivent
pas à déboucher du village.
À l'est, le Pas de l'Aiguille tient encore, mais les unités qui se
sont emparées des autres Pas se dirigent vers Saint-Agnan et la Chapelle-en-Vercors.
Au nord, à 15 heures, le Belvédère de Valchevrière est pris par l'ennemi et la route
de Saint-Martin et de la Chapelle est ouverte.
En fin de journée, les Allemands
réussissent à se dégager de Vassieux, avec l'aide des renforts arrivés par planeurs.
Le 23, aux alentours de 16 heures, le commandement donne l'ordre de dispersion.
Cette décision avait été concertée entre les chefs civils et militaires, de préférence
à la sortie en force ou par petits groupes préconisée par certains. C'est sans aucun
doute la décision qu'il fallait prendre. Les survivants des combats se regrouperont
et prendront part à la libération de Grenoble.
Dans la nuit du 21 au 22, Chavant
adresse un message pathétique à Alger, traitant ceux qui n'ont pas pris la mesure
de leur situation de « criminels et de lâches ».
Le 23, Huet adresse
à son tour un message à Londres où il exprime, en termes plus nuancés, la colère et
le désespoir des combattants du Vercors : « Tous ont fait courageusement leur devoir
dans une lutte désespérée et portent la tristesse d'avoir dû céder sous le nombre
et d'avoir été abandonnés seuls au moment du combat ».
Pendant les combats et jusqu'à leur départ du Vercors, le 8 août, les troupes
allemandes se livrent à toutes sortes d'exactions : massacres, exécutions sommaires,
incendies des habitations, faisant plusieurs centaines de victimes y compris
dans la population et laissant beaucoup de villages en ruines.
Le summum est
atteint à Vassieux, incendié et la population massacrée et dont 41 habitants sont
déportés, et à la grotte de la Luire où sont exécutés les blessés et le personnel médical.
Ces actes, en violation flagrante des lois de la guerre et de l'humanité, sont
l'ouvre non seulement de quelques éléments allogènes de l'armée allemande, mais
aussi des unités régulières, obéissant aux consignes données par le commandement
suprême de la Wehrmacht sur la conduite à tenir vis-à-vis des résistants et de la
population. En définitive, le Vercors aura couté 639 tués aux combattants et 201
aux civils. C'est le plus lourd holocauste supporté par un maquis français.
À Alger, pendant toute cette période, les tentatives de mettre sur pied une opération pour soutenir les combats et si possible envoyer des parachutistes sur place se heurtent au fait que cela n'a jamais été planifié et que les Français ne disposent pas des moyens qui leur auraient permis de le faire seuls, ils sont tous sous commandement allié. Malgré les avertissements du colonel Zeller, chef des FFI du sud-est, et l'activité de Fernand Grenier, Commissaire communiste à l'Air du Gouvernement provisoire d'Alger et du général de l'Armée de l'Air Cochet, les obstacles de tous ordres et le désordre qui règne à Alger, font échouer ces tentatives.