Le drame du
Vercors - 3


L'ordre d'opération prévu par le général Karl Pflaum dont l'état-major se trouve à Grenoble, prévoit trois attaques simultanées : celle du groupement Schafer contre Vassieux, avec les troupes aéroportées ; celle du groupement Feeger, à partir de la trouée de Saint-Nizier ; celle du groupement Schwehr, sur la façade orientale du Vercors.

Sur ce versant est du massif, il n'existe qu'une douzaine de points de passage possibles dans l'impressionnante falaise de calcaire gris qu'on a parfois surnommée les « Dolomites françaises ». Ce sont les célèbres « pas » du Vercors.

À certains de ces petits cols, on accède par des chemins muletiers, à d'autres par des sentiers difficiles et parfois à peine tracés. Tous se prêtent si mal au passage d'une troupe en armes, nombreuse et lourdement chargée, que le commandement militaire du Vercors y a réduit les défenses à leur plus simple expression. Une seule compagnie, la compagnie « André » garde cette longue arête de près de cinquante kilomètres. Il n'y a guère plus de dix hommes sur chaque « pas ».

Le général Pflaum a décidé de profiter de cette faiblesse du dispositif français. L'entreprise paraît audacieuse. Mais les Gebirgsjäger auxquels il l'a confiée sont des soldats remarquablement entraînés. La guerre en montagne n'a pas de secrets pour eux.

Vue aérienne du massif du Vercors

Venant du Trièves, deux bataillons de ces troupes alpines, appuyés par deux batteries d'artillerie de montagne, se lancent à l'assaut des « pas ». Les conquérir tous, les uns après les autres, n'est pas leur intention. Seuls les intéressent ceux du sud.

Le but de l'opération est clair : prendre à revers les défenseurs du Vercors et tendre la main aux S.S. débarqués à Vassieux.

Vers 10 heures du matin, le combat s'engage au pas des Chattons (1 827 m) et au pas de la Selle (1 979 m). Les Français utilisent habilement leurs armes automatiques. Mais ils ne sont qu'une poignée et ne peuvent empêcher les Allemands de progresser dans les pentes rocheuses, sous la protection de leurs mitrailleuses et surtout de leurs mortiers.

Les maquisards finissent par succomber sous le nombre. Les Gebirgsjâger n'ont pas plus tôt pris pied dans les deux cols qu'ils y installent des canons de 80.

D'heure en heure, la situation des défenseurs du Vercors se dégrade. D'autant qu'un troisième groupement, venant de la trouée de Saint-Nizier, fait mouvement vers Villard-de-Lans, avec un grand nombre de pièces d'artillerie de montagne.

Ont-ils donc eu tort, ceux qui ont imaginé de faire jouer au Vercors un rôle dans la stratégie alliée : Pierre Dalloz, Jean Prévost, Alain Le Ray, Yves Farge, le général Delestraint et Jean Moulin lui-même ? Car ce sont eux qui ont donné naissance au plan « Montagnards » ou qui l'ont porté sur les fonts

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